2014 DFA 46 - Fixation du montant annuel de la redevance afférente à l’exploitation des panneaux publicitaires sur les quais du tramway T3 entre la porte d’Ivry et la porte de la Chapelle.
Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous passons à l'examen du projet de délibération DFA 46 relatif à la fixation du montant annuel de la redevance afférente à l'exploitation des panneaux publicitaires sur les quais du tramway T3 entre la porte d'Ivry et la porte de la Chapelle. La parole est à Mme SIMONNET, pour 5 minutes maximum.
Mme Danielle SIMONNET. - Chers collègues, au moment où la Ville de Grenoble vient de prendre une décision éco-socialiste audacieuse, remarquable, de libérer l'espace public de l'affichage publicitaire, Paris, elle, choisit au contraire d'aggraver le matraquage publicitaire. Je voterai contre ce projet de délibération qui vise finalement à développer l'exploitation de panneaux publicitaires sur les quais du tramway T3, comme c'est le cas d'ailleurs sur l'ensemble des nouvelles stations des lignes de tramway. Derrière les beaux discours, le temps d'un débat maintenant lointain sur le Règlement local de publicité ou au détour d'un v?u, dans les faits, finalement toutes les occasions sont bonnes pour l'Exécutif d'accroître l'emprise de la publicité sur nos vies à Paris dans l'espace public, histoire de renflouer les comptes. On lance le dispositif "P?tit Vélib?" : allez, on l'adosse à la publicité d'une marque de boissons sucrées ! On crée un établissement administratif des musées : c'est pour permettre le mécénat et donc les logos publicitaires des grandes marques des entreprises privées sur les affiches, les brochures et jusqu?aux cartels des ?uvres. Bien sûr, le développement des transports n'est pas en reste. On développe de nouvelles lignes de tramway, des stations : Hop ! C?est l'occasion également de développer les panneaux publicitaires. Franchement, quelle ringardise ! Quand allez-vous prendre conscience que ces mesures appartiennent au passé ? C?est une fuite en avant de la société de l'hyper consumérisme finalement qu'on a héritée des années 1950. Il serait peut-être temps de tourner enfin la page. En même temps, c'est vrai que cette mesure que vous prenez est somme toute assez cohérente. Il y a une cohérence entre la poursuite des politiques d'austérité et l'acceptation des directives libérales européennes, des politiques du Gouvernement en la matière qui demandent d'accroître la mainmise des intérêts privés et finalement le recours à la publicité pour pallier les baisses des dotations et en même temps développer les intérêts privés. C?est d'ailleurs pour cela qu'est construit le discours idéologique sur la dette et la soi-disant nécessité de baisser les dépenses publiques, pour contraindre justement les Etats et les collectivités à passer par l'enrichissement des intérêts privés, pour financer leur politique et de fait enrichir la poignée d'oligarques qui a la main sur ces intérêts privés. La publicité, cela en fait partie, elle est même un élément central de ce dispositif politique puisque cela vise non seulement à marchander l'ensemble des activités humaines, mais à poursuivre la surexploitation sans limites des ressources naturelles. Mais la publicité a un intérêt supplémentaire, c'est qu'en créant des faux désirs sans cesse renouvelés, non seulement elle conditionne les achats pour le bonheur des profits des grands groupes, mais en plus ce conditionnement idéologique permet une aliénation de la personne humaine visant à tuer, en captant les temps de cerveau disponibles, toute capacité d'émancipation et donc de contestation de ce système. La publicité, c'est le bras armé de la guerre idéologique et culturelle que mènent les tenants de ce système capitaliste et productiviste pour maintenir leur domination. Vous qui ne cessez d'avoir en bouche les mots innovation et démocratie participative, pensez-vous encore que nos concitoyens soient demandeurs de tous ces panneaux qui enlaidissent nos villes ? De ces pubs sexistes, ringardes, violentes, qu'on nous impose et que l'on impose à nos enfants ? De tout ce stress provoqué par la multitude d'informations projetées en permanence et sur lesquelles les passants n'ont aucune liberté de réceptionner ou non toutes ces agressions et tous ces messages ? L?innovation n'est pas non plus de développer des systèmes de plus en plus énergivores pour accroître ce matraquage, mais au contraire de limiter en vue de les supprimer. Faire de Paris une ville sans publicité, une ville au service de la vie douce pour tous, voilà ce qui serait extrêmement innovant, mes chers collègues. En attendant je vous invite à voter contre ce projet de délibération. Je vous remercie.
Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci. Pour vous répondre, la parole est à M. Julien BARGETON.
M. Julien BARGETON, adjoint. - Merci, Madame la Maire. Je ne vais pas rentrer dans le débat sur la publicité, je pense que ce n'est pas vraiment le lieu. On a déjà eu des échanges sur le sujet et chacun campe sur certaines positions. A mon avis, vous avez une vision, je vous dirais juste qu'elle est fausse quand vous parlez de matraquage, quand vous parlez des déploiements. Ce n'est pas vrai, car on a plutôt adopté un Règlement local de publicité qui a limité largement les surfaces publicitaires et on ne peut pas du tout parler d'accroissement de l'emprise de la publicité à Paris. Sur ce point, je sais bien que je n'arriverai pas à vous convaincre. En revanche sur le projet de délibération, c'est un peu paradoxal puisqu?il s?agit de la R.A.T.P : ce projet de délibération fixe la redevance que nous percevons sur ce que la R.A.T.P. encaisse au titre de la publicité. Il faudrait plutôt vous adresser à la R.A.T.P. sur ce sujet. Cela pose la question de la présence de la publicité là où la R.A.T.P. exploite des systèmes de transports. En réalité, cela permet ici à la Ville de Paris de participer à un mécanisme et donc de financer aussi les politiques publiques en direction des Parisiens. Il serait paradoxal que finalement la R.A.T.P. soit la seule bénéficiaire de la publicité et que la Ville de Paris y perde, puisqu?il ne s?agit en l'occurrence que de cela. Effectivement, vous pouvez poser le débat que vous souhaitez à l'occasion des différents projets de délibération, mais il faut tout de même revenir sur la réalité de ce projet de délibération : ce projet de délibération fixe la redevance que la Ville perçoit sur un système qui bénéficie par ailleurs à la R.A.T.P. Je crois que ce serait contraire aux intérêts des Parisiens, à un moment où, comme nous l'avons vu au moment du budget, nous avons un contexte tendu sur nos recettes, de renoncer à cette recette et de la laisser au seul bénéfice finalement de la R.A.T.P.
Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup, Monsieur BARGETON. Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DFA 46. Qui est pour ? Contre ? Abstentions ? Le projet de délibération est adopté. (2014, DFA 46). Je vous remercie.